A-PHI-solutions

A-PHI Solutions, versée dans la digitalisation industrielle, est l’œuvre entrepreneuriale d’une femme d’affaires de la diaspora qui a tenu à faire profiter l’économie nationale de son expérience et de son entreprise. Ses logiciels aident les entreprises dans l’industrie à améliorer la gestion et la supervision de leurs ateliers de production et le rendement de ces derniers.

Bien qu’elle soit installée en France, elle n’a pas oublié son pays pour autant. Sensible à l’appel des pouvoirs publics lancé à la diaspora pour prendre part à l’édification de l’économie nationale,  l’entrepreneure Rachida Benferhat a décidé de créer, il y a deux ans, une entreprise dans l’un des secteurs phares, à savoir les TIC.  «Cela fait des années que je songeais à l’entrepreneuriat. Mais quand j’ai senti que le besoin est croissant dans le secteur industriel en Algérie, j’ai décidé de me lancer. D’autant plus que je retournais souvent au pays pour des missions dans le consulting et dans la formation», indique-t-elle. C’est ainsi que l’entrepreneure, ingénieure en informatique et titulaire d’un diplôme d’études approfondies en bio statistiques à l’université Claude Bernard à Lyon en France, a crée son entreprise A-PHI Solutions (www.aphisolutions.dz), spécialisée dans les logiciels dédiés à l’industrie. Un domaine qu’elle maîtrise et dans lequel elle exerce depuis plus de 15 ans. La création de son entreprise, cependant, n’a pas été des plus aisées en raison notamment des lenteurs dans les procédures.  «Les procédures exigent un nombre impressionnant de documents qu’on doit retirer auprès de différentes institutions. C’est pour dire que la bureaucratie continue à nous faire courir ! Comme j’habite en France, ça n’a pas été facile pour moi de me déplacer. J’ai eu la malchance, en plus, de tomber sur un mouvement de grève du personnel de l’administration. Ce qui a retardé encore plus mon projet. Cela, sans compter la pandémie du Covid-19», se rappelle-t-elle.

A propos de la bureaucratie, elle se réjouit que les pouvoirs publics aient adopté des mesures en faveur de l’administration numérique, de la dématérialisation des procédures et de la création des  entreprises en ligne. «Je m’en réjouis d’avance. La création d’entreprises en ligne est une réelle avancée», estime-t-elle, précisant que la sienne a vu le jour à la fin du 1er trimestre 2021. L’entreprise active dans deux créneaux : Aider les entreprises,  quel que soit leur domaine d’activité, dans la mise en place de méthodes agiles dans l’ingénierie logicielle (des pratiques en faveur de la collaboration entre des équipes auto-organisées, pluridisciplinaires et leurs clients) pour la gestion de leurs projets et mettre à la disposition des entreprises industrielles une expertise internationale en consulting et en formation afin d’améliorer la qualité de leurs productions.  «Nous proposons dans ce contexte la solution logicielle M.E.S (Manufacturing Execution System) destiné à la supervision des ateliers de production. Ce qui améliore la qualité de cette dernière et le rendement.  Grâce à ce logiciel, tout ce qui se passe dans ces ateliers est noté.  Il emmagasine toutes les données concernant la production, les matières premières, les fournisseurs, les moyens et outils de fabrication…», explique-t-elle. Les données récupérées sont transférées par la suite vers à un système tierce qui se charge des ajustements à tous les niveaux, des stocks et de la facturation, entre autres.

«Le système M.E.S garantit la traçabilité totale d’un processus de production. Il permet la digitalisation des ateliers et donc, la suppression de l’utilisation du papier dont le coût est considérable et la réduction des espaces d’archivage des dossiers ainsi que le temps consacré dans la recherche d’anciennes données», souligne-t-elle.  Afin de mettre des services de qualité sur le marché, A-PHI Solutions a conclu un partenariat avec l’un des leaders européens du marché du M.E.S, conforté par un contrat de distribution exclusif en Algérie. Il s’agit de la société INFODREAM en partenariat avec duquel A-PHI Solutions intervient dans divers domaines tels que  l’aéronautique, l’automobile, la pharmaceutique et l’électronique.

Dans cet entretien, Rachida Benferhat, experte en entrepreneuriat et gérante de l’entreprise A-PHI solutions, estime que la PME algérienne a bien évolué ces dernières années mais a besoin, néanmoins, d’un soutien sur le long terme pour se développer davantage.

Comment évaluez-vous la PME algérienne ? Est-elle aux normes, compétitive ?

La PME algérienne a beaucoup évolué ces dernières années. Beaucoup d’entreprises sont déjà certifiées aux standards nationaux et/ou internationaux. Certaines ne le sont pas et pourtant elles fournissent de bons services et des produits de qualité. N’empêche que si l’on souhaite s’épandre à l’international, la certification est une condition sin qua none. Car elle permet à l’entreprise de se maintenir au niveau attendu et d’accéder aux appels d’offres les plus exigeants en matière de normes. Ce ne sont pas toutes nos PME qui sont compétitives car il y a un manque de concurrence sur le marché. Nos entrepreneurs ne doivent pas hésiter à se lancer et à créer de la concurrence sur le marché. Cela ferait du bien à notre économie nationale. Sur le plan international, la concurrence permettrait de challenger nos voisins, la Tunisie et le Maroc. En outre, quand les entreprises se sous-estiment, pensant qu’elles ne sont pas prioritaires dans les appels d’offres, cela freine aussi la compétitivité. Il s’agit surtout des appels d’offres à l’international où parfois, dans certaines activités, ce sont, il faut le dire, les prestataires étrangers qui sont favorisés, dans le domaine du logiciel notamment. Pour qu’elles puissent concurrencer les entreprises internationales, nos PME sont appelées à se développer à l’international, à renforcer leurs capacités à l’export et, donc, à se professionnaliser.

A votre avis, de quoi nos PME ont-elles le  plus besoin ?

Elles ont besoin d’un soutien quand le pays traverse une crise, comme c’est le cas actuellement. L’État doit rester proche des entreprises pour les aider à relancer leurs activités afin qu’elles ne  disparaissent pas. Mais elles ont besoin d’un autre soutien sur le long terme non seulement de la part de l’Etat mais aussi des grandes entreprises. Ces dernières pourraient aider les plus petites en les sponsorisant par exemple. Pour son expansion, l’entreprise algérienne pourrait aussi chercher des financements à l’international. Pour les start-ups-, les incubateurs sont un élément de soutien de premier choix. Toutefois, le plus important dans tout cela, c’est la continuité, l’accompagnement pour renforcer la compétitivité chez ces entreprises.

Que faut-il faire à votre avis pour que les PME aient plus accès aux marchés, publics surtout ?

Plus les PME sont compétitives et plus elles auront de chances d’accéder à ces marchés. Il faut qu’elles réussissent à se mesurer aux autres entreprises locales ou étrangères, à participer à des concours, aux manifestations et salons, qui leur permettraient de mettre en avant leurs innovations et leurs nouveautés.

Les PME sont appelées à constituer des entreprises communes (groupes) pour créer une valeur ajoutée et augmenter les gains, notamment dans le domaine agricole et des industries de transformation. Qu’en pensez-vous ?

Absolument ! C’est une excellente suggestion. Ce type de regroupements donnera aux entreprises plus de chances d’obtenir des marchés et d’être plus visibles, surtout si elles sont de tailles intermédiaires. Il sera nécessaire, cela dit, qu’elles se regroupent dans chaque secteur, se constituent en pôles par type d’industrie ou agricole. Ainsi, leur position sera renforcée et elles pourraient représenter ainsi une force face aux demandes au niveau national et international.

Rachida est ingénieure informaticienne. Installée en France depuis une vingtaine d’années, cette Algérienne est une adepte de la méthode Agile. Elle s’est reconvertie dans la gestion de projet Agile et en ingénierie de production. Celle qui a lancé plusieurs projets dans son pays natal, aspire à vulgariser cette méthode chez nos managers. En 2020, huit personnes, dont la majorité ne se connaissait pas au, départ, ont créé le collectif «Agile Algeria». Dans cet entretien, elle nous éclaire sur cette méthode, nous parle de ce que cela pourrait apporter aux entreprises algériennes, mais aussi aux collectivités locales. Appréciez- plutôt

L’Expression: Bonjour, vous êtes une adepte de la «méthode Agile», pouvez-vous nous expliquer concrètement en quoi cela consiste?
Rachida Benferhat: D’abord, il faut comprendre que l’on parle d’approche ou d’état d’esprit ou de paradigme Agile plutôt que de méthode Agile. L’approche Agile apporte de la souplesse et de l’efficacité dans le déroulement des projets quel que soit le domaine d’activité. Il s’agit également de se focaliser sur les priorités à gérer. Plus pragmatique, elle se focalise sur la business value à apporter au client ou à l’utilisateur final. Les différents volets d’un projet évoluent de manière continue au contraire d’un projet géré avec une méthode traditionnelle type waterfall qui implique que chaque phase du projet doit être achevée avant d’entamer la suivante. Aussi, le «mindset» (état d’esprit, ndlr) Agile peut aussi bien être transposé dans nos projets professionnels que dans notre vie de tous les jours car il s’agit d’être agile et non de faire de l’Agile uniquement. Je dirai que les organisations doivent en permanence s’adapter et trouver un nouvel équilibre en étant user centric (centre utilisateur) pour lui délivrer de la valeur au plus tôt et le satisfaire. Il en est de même pour les collaborateurs que l’on doit satisfaire car des employés heureux feront des clients heureux.!

Où en est-on en Algérie avec cette approche? Que peut-elle apporter à l’économie nationale en général et aux grandes entreprises en particulier?
Des organisations algériennes utilisent déjà l’agilité dans leur fonctionnement et dans leurs gestions de projets. Pour l’exemple, plusieurs d’entre elles ont partagé leur retour d’expérience l’an dernier, lors du premier événement du collectif «Agile Algeria» et le feront encore cette année. En dépit de cela, nous avons observé ces dernières années, notamment avant la pandémie de Covid-19, un certain engouement et intérêt des professionnels basés en Algérie à l’approche Agile. Néanmoins, peu de personnes sont certifiées comparées aux autres pays. Le collectif s’est fixé comme principal objectif d’acculturer l’Algérien du concept de l’agilité à travers sa conférence annuelle.
Partant de ce constat, la marge de progression est importante afin d’améliorer les organisations et individus dans notre pays. L’agilité permettrait aux grandes comme aux moyennes et petites entreprises d’utiliser ce nouveau paradigme dans la réalisation de leurs objectifs. Cependant, pour que cette méthode soit efficace, il faut que le top management soit en premier lieu convaincu du changement de paradigme. Les entreprises où l’on a observé un taux élevé de succès sont celles où le top management est impliqué et montre l’exemple. En somme, il s’agit de l’affaire de tous.

Contexte électoral oblige, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre l’approche Agile et la gestion de projets d’utilité publique, notamment au niveau local?
L’approche Agile, quelle que soit la méthode utilisée en gestion de projet, a pour vocation de satisfaire le client final, comme le citoyen algérien qui doit être mis au centre des projets qui le touchent dans le cadre de la digitalisation des processus administratifs, par exemple. Et ce, en livrant de manière continue et régulière des parties du projet qui, une fois cumulées, constitueront le produit ou le service qu’attend le client. Ce qui est intéressant avec l’approche Agile c’est qu’avec les livrables intermédiaires, s’il y a des retouches ou des imperfections suite à des retours client, elles seront prises en compte et des ajustements sont effectués. En utilisant l’approche Agile, non seulement le client est impliqué durant tout le projet, mais en plus on a de fortes chances que le livrable le satisfasse.

Parlez-nous de l’événement que vous comptez organiser au mois de décembre prochain.
Il s’agit de l’événement Agile Algeria édition 2021 qui se déroulera le 4 décembre de 14h à 18h sur la plateforme de notre partenaire Cisco. Une série de conférences, d’ateliers et de retours d’expériences d’entreprises basées en Algérie. L’événement débutera par une keynote (conférences, ndlr) d’ouverture comme lors de l’édition précédente et se terminera par une autre de clôture, ce qui est une nouveauté. Ces conférences ont pour objectif d’inspirer les participants. Les speakers de cette édition, tous experts dans leurs domaines, ont soumis leurs candidatures après un appel lancé sur les différents réseaux sociaux et sur notre site web. L’objectif de cette édition est de réunir au moins 450 participants alors que nous avions rassemblé près de 400 l’an passé. Le programme de l’événement ainsi que le bulletin d’inscription disponibles sur notre site web: www.agilealgeria.com ou sur les réseaux sociaux Facebook, LinkedIn et Instagram.

Un collectif composé d’entrepreneurs algériens établis au pays et à l’étranger est né. Il aspire à vulgariser ce nouveau paradigme de gestion auprès des managers algériens.

L’heure est à la relance pour l’économie algérienne. À cet effet, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a nommé, le 7 juillet dernier, un économiste à la tête de l’Exécutif, en la personne de Aïmene Benabderrahmane.
Le Premier ministre a mis en place un Plan d’action ambitieux pour créer au plus vite de la richesse et des emplois. Néanmoins, un nouveau paradigme économique s’impose pour la réussite de ce plan. Les entreprises privées et publiques sont appelées à employer des méthodes de management modernes afin d’assurer la transition vers l’économie de marché. Dans ce monde où la qualité de l’entreprise se détermine par la qualité de gestion appliquée, des techniques sont en vogue dans les grands groupes internationaux. Il s’agit de «l’approche Agile». Les informaticiens, les développeurs web la connaissent parfaitement. Comme son nom
l’indique, cette méthode se base sur la flexibilité et la souplesse.
En fait, cette approche met de côté la planification des projets pour laisser place à une auto-organisation au fur et à mesure de l’avancée des choses. «Cela permet une planification adaptative, un développement flexible, des changements continus pour une plus grande efficacité», soutient Rachida Benferhat, entrepreneuse algérienne, adepte de «l’agilité». Elle assure qu’avec cette approche, le client est au coeur du projet. «Il est impliqué au maximum afin de répondre au mieux à ses besoins en assurant une plus grande réactivité à ses demandes», ajoute-t-elle. Ainsi, contrairement à l’approche classique, les projets ne sont pas présentés en une seule unité livrable dans un délai imparti. Il s’agit de les fragmenter en plusieurs «sous-projets» dans le but qu’ils soient mis en service le plus tôt possible avant de les perfectionner dans le temps. En termes plus clairs, l’approche agile c’est comme si quelqu’un vous commande un magasin. Au lieu de le lui livrer dans 6 mois, vous le faites en un mois en lui assurant les bases avec lesquelles il peut commencer son activité. Le reste sera livré progressivement. «Il sera ainsi possible de l’adapter facilement aux besoins changeants des clients, sans perte de temps ni d’argent», atteste-t-elle. Qu’en est-il de l’Algérie dans le mouvement Agile? Bien qu’il ne soit pas encore considéré comme une référence chez les managers algériens, certaines entreprises privées l’ont déjà adopté avec beaucoup de réussite. Même de grands groupes publics ont formé leurs managers à «l’agilité». Néanmoins, le pays reste quelque peu en retard par rapport à d’autres nations de la région. Cela, notamment du fait que peu de managers ont obtenu leur certification en la matière. C’est dans ce sens qu’un collectif bénévole a vu le jour pour vulgariser cette approche. Des entrepreneurs algériens établis en Algérie pour certains et en Europe pour d’autres ont lancé, en 2020, le collectif Agile Algeria. Leur objectif est d’offrir gratuitement des conférences et des ateliers couvrant diverses thématiques liées à l’agilité. Elles sont animées par des speakers de différentes nationalités et de renommée internationale. La première édition, organisée en ligne, a été un large succès malgré les contraintes de la crise sanitaire de la Covid-19. Plusieurs dizaines de managers, mais aussi d’étudiants y avaient participé. Ils ont été formés à cette approche moderne de management.
Une seconde édition est prévue le 4 décembre prochain. Des’experts algériens et internationaux vont y animer des conférences, des workshops et des retours d’expérience. Le collectif a réussi à attirer de grands organismes de formation basés en Suisse pour Amane Partners et en France pour Agile Académie et KASA Acedemy. L’occasion est donc donnée pour voir un autre type de management…